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Les trois messages de l’huître

vendredi 30 août 2013, par Jean Luc Penet

J’ai découvert cet été l’existence d’une tragédie peu médiatisée : l’huître française est en danger !

Berceau de l’ostréiculture, le bassin d’Arcachon est en tout cas le théâtre d’un phénomène très menaçant pour ce mollusque dont les qualités organoleptiques n’ont d’égales que ses vertus diététiques : une bactérie mortelle dénommée vibrio aestuarianus est en train d’y faire des ravages. Ce germe est tellement destructeur qu’il a vidé de leur savoureux contenu plus de la moitié des coquillages bivalves élevés dans la région. L’attaque microbienne est à ce point efficace que l’armure minérale de l’animal est également touchée et qu’elle s’effrite au moindre choc. Un désastre écologique et économique sans précédent !

Mais comme toutes les catastrophes du genre, celle-ci est porteuse d’un enseignement très positif.

  • La première leçon qu’on peut tirer est que la bactérie tueuse sélectionne ses victimes. Il s’avère en effet que la mortalité atteint les 80% parmi les huîtres triploïdes, c’est-à-dire des mollusques stériles dotés de trois paires de chromosomes et issus des laboratoires d’écloseries. Ces mutants ont été développées dans les années 90 afin d’offrir au consommateur une « huître des 4 saisons », non laiteuse en été puisque stérile, et plus rapide dans sa croissance. Ce n’est pas un OGM à proprement parler, mais c’est quand même un organisme génétiquement sélectionné à des fins purement commerciales. Par contraste, l’huître naturelle née en mer et diploïde résiste beaucoup mieux à l’épidémie : comme l’ont constaté les 70 producteurs réunis au sein de l’association Ostréiculteur traditionnel, la bactérie n’y a quasiment pas fait de dégâts ! Cette différence illustre de manière spectaculaire que l’agriculture industrielle fait fausse route lorsque qu’elle fabrique des races et des espèces nouvelles par croisements artificiels ou manipulations génétiques.
  • Par extension, cette déroute huitrière nous offre une magistrale leçon sanitaire en montrant que la véritable cause des maladies infectieuses n’est pas un agresseur extérieur, mais bien le déséquilibre intérieur des individus infectés. Contrairement à ce que prétend l’idéologie pasteurienne, ce n’est pas le microbe le vrai problème, mais bien l’état du « terrain » sur lequel il évolue. Comme celle qui sévit à Arcachon, les épidémies ne frappent jamais aveuglement et n’aboutissent jamais à un sinistre total. Au lieu de se focaliser sur le faux ennemi microscopique, il faudrait toujours se demander pourquoi certains animaux et êtres humains échappent aux fléaux et prendre conscience que les hécatombes ne sont pas aléatoires : succombent aux agents infectieux les êtres vivants dont l’état santé est préalablement fragilisé par des conditions de vie peu naturelles.
  • Ce contexte, et c’est le troisième enseignement à tirer de la calamité arcachonienne, ne se limite cependant pas à l’écologie interne : celle-ci souffre également d’un écosystème perturbé. Tout comme les huîtres triploïdes pâtissent probablement du réchauffement climatique, de l’acidification des océans et de la prolifération d’algues toxiques (les trois étant liés), nous dépendons pour notre santé de celle de notre environnement. Ecoutons donc ce triple message des huîtres.

Yves Rasir Rédacteur en chef de la revue néo-santé disponible sur www.neosante.eu

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