UNE PARABOLE DE MICHIO KUSHI
Lorsque l’on mange du sucre, celui-ci est assimilé très rapidement par l’organisme (cela est bien connu des sportifs). C’est, en somme, un dopant. La combustion de ce sucre nécessite une accélération plus ou moins importante de la respiration. La grande majorité actuelle de sédentaires dont la capacité respiratoire est réduite, n’est pas en mesure d’apporter suffisamment d’oxygène pour que cette combustion (ce feu de paille en quelque sorte) soit parfaite. D’où encrassement progressif de l’organisme.
Au niveau intestinal, le sucre provoque des fermentations que les dyspepsiques connaissent bien. En particulier, le sucre donne naissance à des bactéries qui mangent une partie de la flore microbienne de l’intestin, celle qui a pour fonction de synthétiser les vitamines du groupe B. Les mangeurs de sucres ont très souvent des carences en vitamine B.
Autre chose encore, lorsque le sucre arrive dans le sang (sous forme de glucose), il y a une brutale acidification du sang qui nécessite un effet tampon réalisé par la libération de calcium au niveau des os et même des dents – d’où les fréquents problèmes de calcium, de fragilité osseuse et de dentition chez les mangeurs de sucre.
Enfin, je voudrais reprendre une amusante parabole de Michio Kushi qui avait repris la direction du mouvement macrobiotique après la mort de son fondateur Oshawa.
« Au début, le sucre va jusqu’au foie et est stocké sous forme de polysaccharides. Le cas échéant, les polysaccharides se décomposent et rentrent dans le milieu sanguin pour répondre à un besoin du corps. Lorsqu’il n’y a plus de place, le foie s’enfle et accroche l’écriteau « complet » ! L’excès de sucre doit donc retourner au sang sous forme d’acides gras. Il y circule et se demande où il pourrait bien se loger. Il trouve un endroit agréable et tranquille pour emménager, comme votre épaule ou votre cuisse, sous le menton, etc. Il ressemble à ces personnes aux cheveux longs qui errent à la recherche d’un gîte…
Un sucre trouve un endroit merveilleux pour dormir – un autre arrive et se dit ! « Tiens, ce n’est pas mal ici, je crois que je vais rester ». Bientôt, d’autres viennent. Et à la longue, il y a des millions de sucres. Étant yin, le sucre cherche un milieu yang pour dormir, et il va aux organes yang comme le cœur, les reins, les ovaires et sous la forme d’acides gras, adhère comme une couche de graisse à ces organes. Mais ces sucres ne se contentent pas de rester à l’extérieur, ils veulent entrer dans la maison. Bientôt, ils se trouvent à la cuisine, en train de chercher de quoi manger, et au salon en train de regarder la télévision !
Ils commencent à pénétrer dans les cellules. Ils prennent d’assaut les organes. Les organes ne peuvent plus fonctionner – par conséquence, les acides gras se condensent et forment des calculs. Une personne dans cet état peut donc avoir des pertes vaginales, une toux, de la fièvre, etc. On peut avoir ensuite la maladie de Hodgkin, la leucémie et différentes maladies dont l’aboutissement est le cancer ! »
Bref historique du sucre
À l’origine, les habitants du Bengale (Inde) et de l’Indonésie suçaient couramment les tiges de canne. Au IVème siècle, on commença à cultiver la canne en Orient, puis en Chine et en Perse au Vème siècle. Puis les arabes s’y intéressèrent au VIIème siècle en Mésopotamie. Finalement Christophe Colomb importa la canne aux Antilles. On commença à importer le sucre de canne en Europe au XVIIème siècle par le port d’Anvers. C’était à l’époque un produit de luxe. Mais suite aux déboires de fermentation dans le bateau, on dut effectuer des processus de purification du sucre, ce qui donna naissance au bien connu « sucre Candi ».
Suite à un blocus de l’Angleterre à l’époque de Napoléon, il n’y eut plus d’approvisionnement en sucre en France. Mais en 1806, un ingénieur allemand trouva le moyen d’extraire du sucre à bon marché à partir de la betterave… à sucre. L’industrialisation démarra en 1812. Ce sucre subit alors des processus chimiques très durs pour enlever son abominable goût et le rendre chimiquement pur… Mais comme tous les produits chimiquement purs - qui n’existent pas dans la nature - il se révèle agressif pour l’organisme. C’est ce sucre là, de grande consommation, qui était évoqué plus haut.
Il y a sucres et sucres
Le sucre blanc de betterave : mauvais, toxique. Le sucre roux de canne : un peu moins mauvais. La cassonade brune de canne : acceptable. Le sucre roux (de betterave) qui a été chauffé : une tromperie pour les naïfs. Le sucre complet de canne ou rapadura (avec plus ou moins de mélasse) : excellent.
Il existe toute une famille de sucres qui se terminent en « ose ». Nous avons parlé du saccharose, mais il y a le lévulose, le fructose, le lactose, le glucose... et en particulier les polysaccharides des céréales qui sont, contrairement au saccharose, des sucres lents : un aliment propre et sans déchets.
Une dernière chose : le sucre a jadis été vendu dans les drogueries, ce qui indique bien qu’il a été considéré comme une drogue. Et c’est vrai puisqu’il crée une addiction !
Michel Dogna Article paru dans Alternative Santé de Juillet 2014