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La plasticité neuronale et l’intuition des frères Bach-y-Rita

mardi 13 mars 2012, par Jean Luc Penet

Tout commence vraiment en 1959, le jour où Pedro Bach-y-Rita, vieux poète et érudit catalan émigré aux États-Unis, se retrouve paralysé par un accident vasculaire cérébral (AVC). Le pronostic des spécialistes est rapide : rien à faire, il sera hémiplégique à vie et ses jours sont comptés.

Le fils aîné de Pedro, George Bach-y-Rita, est un jeune psychiatre qui refuse de croire son père fichu. Une inspiration « délirante » (il ne connaît rien à la rééducation) lui dicte de considérer le paralytique comme un nouveau-né et de lui réapprendre tous les gestes à la base. Avec l’aide d’un ami et d’équipements bricolés, il va mettre le vieux monsieur à plat-ventre dans le jardin, pour le faire ramper, puis marcher à quatre pattes, sous les yeux des voisins choqués. Au bout d’un an d’exercices quotidiens acharnés, Pedro Bach-y-Rita jouera du piano, dansera et redonnera des cours à la faculté, à la stupeur des toubibs. Personne n’y comprend rien, pas plus George que les neurologues. Sans le savoir, George met en œuvre la réintégration neuro-sensorielle des réflexes archaïques,étape du tout petit qui vient de naître et qui va effectuer de nombreux mouvements pour se retourner, ramper, s’assoir, se mettre debout et marcher tout seul

Pourtant, le fils cadet du « miraculé », Paul Bach-y-Rita, qui revient d’un long voyage et a suivi avec émerveillement l’achèvement de l’exploit de son frère et de son père, prononce un mot : neuroplasticité. Mais à l’époque, personne ne sait de quoi il parle. Paul est un génie touche-à-tout. Il est convaincu : notre système nerveux est une entité vivante infiniment plus modelable et élastique que ce que nous croyons.

Quand son père meurt, six ans plus tard, de sa « belle » mort, Paul fait autopsier son cerveau et découvre cette chose stupéfiante : 97% des nerfs reliant son cortex cérébral à sa colonne vertébrale avaient été détruits par l’AVC. Il a donc vécu durant six ans avec 3% de connexions seulement - et c’est sur cette base que son fils George l’a rééduqué ! Mais les neurones correspondant à ces 3% se sont formidablement développés, pour remplir toutes les fonctions vitales - ce qui est strictement impossible en théorie.

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