Le « flow » est un état où vous vous trouvez quand vous êtes « à fond », immergé dans une activité que vous maîtrisez, qui requiert toute votre attention et votre habileté.
Peu importe que vous soyez riche ou pauvre, beau ou laid, jeune ou vieux :
- Les personnes qui connaissent souvent des états de « flow » se déclarent toujours plus heureuses que les autres.
- « Flow » est une expression créée par le grand psychologue d’origine hongroise, Mihaly Czikszentmihalyi (prononcer Tchik-scène-tmi-aïe). Elle est intraduisible car « flow » veut dire « flux » ou « courant » en français. Les psychologues l’appellent en français « expérience optimale » mais je préfère le terme original.
Voici des exemples
- Le « flow » se produit lorsque, les pieds solidement attachés à votre snowboard, vous vous élancez dans un couloir de neige vertigineux. Tous vos muscles, toutes vos facultés mentales sont mobilisés pour enchaîner les virages, produisant des gerbes de poudreuse qui vous ensevelissent presque. En une fraction de seconde, vous décidez d’exploiter une bosse bien placée et partez dans les airs, où vous réalisez une figure acrobatique « mortelle ». Contre toute attente, vous retombez sur vos pieds et continuez à dévaler encore plus vite !! Arrivé en bas, vous avez « tout donné » mais vous êtes débordé par une sensation d’euphorie : « WAHOOOUUH », ce cri s’échappe de votre poitrine et déjà, vous n’avez plus qu’une idée : recommencer. C’est le « flow », à gros débit !!!
- Mais le « flow » se produit aussi lorsque, artisan de haute horlogerie, vous vous penchez sur une montre ancienne exceptionnelle : les rouages sont fins, innombrables, c’est à en devenir fou. Mais vous saisissez vos instruments, vous retenez votre respiration et vous plongez hardiment dans l’opération de démonter ce mécanisme d’une complication qui dépasse l’imagination. Vous n’avez plus aucune possibilité de penser à vos malheurs, vos problèmes : tout votre être est absorbé dans cette tâche qui sollicite vos plus hautes facultés, votre plus grande dextérité. Vous êtes comme dans un autre monde où ni le temps ni l’espace n’existent plus autour de vous. C’est épuisant, mais c’est ce que vous savez faire. Vous le faites bien, vous le savez. Vous en êtes fier, et vous avez raison : c’est encore le « flow ».
- Le flow se produit lorsque, comptable dans une PME dirigée par un patron un peu fouillis, vous récupérez une caisse remplie de documents épars. Au début, vous êtes découragé. Mais grâce à votre sens de l’organisation et votre méthode professionnelle, vous vous mettez rapidement à classer, répertorier. Vous sortez votre marqueur, vos trombones, votre scotch, vos ciseaux. Vous jetez, vous trier, vous archivez. Soudain, vous levez la tête : l’aiguille de l’horloge indique minuit. Tout le monde a quitté le travail depuis des heures. Votre ventre gargouille, vous aviez perdu toute notion du temps ! Mais devant vous, les documents sont désormais rangés dans l’ordre, dans des classeurs de la bonne couleur, bien étiquetés. Vous avez tout saisi sur votre logiciel et les chiffres de l’actif et du passif s’équilibrent ! C’est un nouvel exploit. Un flot de joie vous envahit. Vous vous sentez bien, vous avez l’esprit léger, le sentiment du devoir accompli. Et c’est avec d’autant plus de bonheur que vous vous mettrez à table en rentrant chez vous, pour dévorer votre dîner à belles dents. Là encore, vous avez été emporté par le « flow ».
Vous comprenez où je veux en venir.
- Le flow jaillit quand l’être humain donne le meilleur de ses capacités créatives, de son audace ou de son habilité. Il se produit quand vous réalisez une tâche exigeante, mais que vous maîtrisez, et qui a du sens, qui fait avancer les choses.
- Mais le flow se produit aussi lorsque vous vous arrêtez, acceptez le silence, videz votre cerveau, écoutez attentivement votre respiration s’apaiser. Les mille idées urgentes qui vous agaçaient depuis le matin s’évaporent. Un bruit de voiture n’éveille plus en vous l’idée des embouteillages ni votre retard de la veille à cette réunion si importante et ce regard accusateur de votre supérieur qui vous démotive tant. Non, ce n’est qu’un bruit de voiture. Vous entrez en méditation. Vous portez votre attention sur un lieu que vous aimez, cette petite maison pas bien belle perdue dans les montagnes de Provence mais qui regorgeait de soleil, des odeurs de lavande et du bruit des cigales. Lentement les images se forment. Des souvenirs oubliés ressurgissent, des odeurs, des figures émergent, vous abondent. Le superficiel fait place à l’essentiel vous êtes pris par le « flow ».
- Le malheur est que personne n’explique jamais que c’est ça qui est la plus grande source de bonheur, pour l’être humain.
- Il est vrai que beaucoup de personnes et d’entreprises ont intérêt à vous faire croire que vous serez heureux le jour où vous posséderez telle voiture, telle maison, tel accessoire, tel bien matériel ; un physique de star ; un compagnon de rêve.
- Mais c’est inexact. Le bonheur n’est pas pas un état. C’est une attitude, qui s’apprend.
Chacun de nous peut connaître des moments de « flow ». Nul besoin de réaliser un exploit digne du livre Guinness des records pour connaître le flow.
- Il peut se produire lors d’une soirée réussie avec vos meilleurs amis, pendant laquelle vous avez tout oublié tant vous vous êtes amusé.
- Il peut se produire lors d’une folle nuit d’amour avec la personne que vous adorez.
- Mais si vous êtes passionné, il peut se produire lors de chaque activité en apparence banale, par exemple en réalisant une broderie, en semant des légumes, en nettoyant votre voiture, en réparant votre vélo.
- L’important, c’est d’avoir un défi à accomplir, que vous soyez poussé au maximum de vos capacités, même si vous êtes malade ou affaibli.
- Le psychanalyste québécois Guy Corneau explique : « j’ai été touché régulièrement et de plus en plus gravement par la maladie. La maladie est une compagne fidèle qui m’a permis à chaque fois de goûter à la richesse et à la simplicité de la vie et m’a permis d’intensifier mon rapport avec la vie »
- Le flow peut donc aussi se produire en lisant, en écrivant, en chantant dans une chorale, lors d’un match en équipe ou lors d’une conversation intense avec un ami.
- Selon toutes les études, les personnes qui se disent les plus heureuses sont celles qui parviennent dans leur vie à susciter le plus de moments de flow.
- Et le plus beau, c’est qu’il est possible d’organiser sa vie pour enchaîner les moments de flow dans toutes vos activités.
- Ultimement, votre vie entière n’est plus qu’une succession de moments de bonheur, car vous arrivez à tirer du « flow » également de ce que vous viviez autrefois comme des échecs ou des malheurs.
- Cela semble incroyable, et pourtant c’est vrai.
- Il arrive même comme vous l’avez vu que certaines personnes découvrent cet état à l’occasion d’une épreuve insurmontable de leur vie, que ce soit une maladie grave, un accident, un deuil, une rupture, un licenciement…
- Mais vous n’avez pas besoin d’attendre d’être victime d’un drame.
- Le mieux est de commencer vous préparer tout de suite. Mais faites attention car notre société psychotoxique semble « conspirer » pour nous empêcher de connaître le vrai bonheur.
- Ne tombez pas dans les pièges d’une société « psychotoxique »
- Le monde occidental est aujourd’hui organisé pour capter notre attention et la détourner de nous.
- Le psychiatre Christophe André a trouvé les mots justes pour décrire cette situation :
" La société dans laquelle nous vivons est « psychotoxique », elle contamine nos âmes et nos façons de penser et pas dans le bon sens […] Aujourd’hui quand nous sommes heureux nous avons envie d’acheter quelque chose et quand nous sommes malheureux… nous avons envie d’acheter autre chose. La publicité nous vend la promesse du bonheur au travers de marchandises […] Plus une société est matérialiste plus elle engendre des individus insatisfaits, anxieux, tendus, tristes."
- Il existe pourtant des méthodes, des exercices simples, des habitudes pour s’extraire de notre société « psychotoxique ». Il existe des exemples à suivre, des personnes qui ont déjà fait le chemin et dont vous pouvez vous inspirer. Vous n’avez pas à rester seul !
Dossier "santé nature innovation" de février 2016